▬ love is a violent poison

Extrait du journal d'Ahàron :

« Je me suis laissé piéger au jeu de l'amour. J'ai cédé sous le poids des armes, cédé à son charme. Pourtant, je sais qu'inconsciemment je l'aime depuis notre enfance. Est-ce pour ça que j'ai toujours craint l'amour ? Ce sentiment n'est pour moi qu'une invention de plus de l'être humain pour se plaindre et souffrir. Est-ce cela, aimer ? Devoir sentir la présence constante de l'autre et ne point supporter qu'un autre caresse cette peau qu'on ne veut qu'à nous. Je déteste ça. Les sentiments nous emprisonnent, je ne suis qu'avide de liberté. J'ai besoin d'être vierge de toutes chaînes. Est-ce cela l'amour ? Accepter d'être attaché à un seul être, au mépris de toute impunité. Avec elle, mon côté humain prend tellement d'ampleur. J'ai envie de me montrer tel je suis, d'ailleurs elle est l'une des rares à me connaître. L'homme est faible, je suis faible. Mêlant désir, amitié et amour, notre relation est si simple et si compliquée à la fois. Enfants, nous étions si proches, sans ambiguïtés, ni faux-semblants. J'étais le grand frère trop protecteur, elle était la petite sœur que je n'ai jamais eu. Elle n'avait pas peur de moi, ne cherchait pas les artifices de mon caractère complexe. Quand on est encore bercé par les doux rêves de l'enfance, tout parait plus beau, et surtout, tout semble éternel. L'éternité nous a bien vite rattrapée. L'amitié homme-femme a toujours été contée comme un mythe, nous y croyions et pourtant, le désir s'en est mêlé. Puis vient le temps où les mots que l'on devrait prononcer ne peuvent franchir la barrière de nos lèvres, où la peur incontrôlée de ce qui pourrait arriver bat dans nos tempes et que l'on se cache derrière les vestiges d'une amitié qui risque de tomber, sous les incessants baisers, sous les pensées à peine murmurés et les sentiments - indéfinissables - que l'on se susurre à demi-mot. Caelan, ce nom résonne dans le tonnerre de mon esprit, est ma seule faiblesse, la seule femme qui ai jamais parvenue à me comprendre. Ma faiblesse, l'unique être qui puisse avoir raison de moi. Je ne suis pourtant pas déterminé à montrer à qui que ce soit que je puisse aimer, peut-être est-ce cela, la réponse à toutes mes questions, je suis trop bouffi d'orgueil et l'amour est un poison violent. »

Les deux jeunes gens se connaissent depuis leur enfance et sont amoureux depuis lors, mais jamais cela ne leur avait paru évident. Alors que la jeune femme sortait d'une énième relation avec un garçon qu'elle n'appréciait en rien et qu'Ahàron la réconfortait une fois encore, ils se sont laissés emporté par un désir commun et ont fait l'amour. Depuis, conscient de leurs sentiments, ils ne se les sont pourtant en rien avoués, préférant conserver leur amitié.